| Sujet: Mon petit roman ^^ Mar 4 Oct - 21:29 | |
| J'ai commencé un roman il a deux mois environ. J'ai envie de le poster ici, parce que je m'étais inscrite sur un forum d'écriture mais les critiques ne correspondaient pas à mes attentes. Jveux dire là bas tu te fais tuer pour des répétitions. Ou pour le décalage entre passé simple et blague de lycéens. Ou parce que ton personnage principal est niais (hey ho mec, c'est du second degré...) Enfin je dis ça, mais je réclame pas des compliments, je veux vos avis, honnêtes et critiques s'il le faut :) Genre : comédie romantique. Synopsis : Ce roman raconte l'histoire d'un groupe d'amis, qui vont créer un blog et petit à petit acquérir une relative notoriété sur internet. Le personnage principal est Emie, qui sera chargée de la rubrique "mode" du blog. Au fil du temps, les relations entre les 4 amis vont évoluer, notamment suite à l'arrivée du mystérieux Jack.PS : le personnage principal s'appelle Emilie et se fait appeler Emie. Parce que j'adore ce surnom ^^ mais désolée Ruby à part ça y a pas de rapport avec toi x) (promis vous aurez droit à un résumé plus travaillé un jour ^^') En vert : post qui n'ont pas encore été commentés :) En rouge : post qui ont été un peu modifiés Chapitre 1 - #1 (4 octobre)- Spoiler:
J'inspire. Je sens une odeur de fleurs, pas désagréable mais très artificielle. Une odeur de "Flower Party" selon l'étiquette du bain moussant. D'accord, ça fait américain donc ça a l'air classe, mais honnêtement ça n'a aucun sens. Quelqu'un a déjà senti l'odeur d'une fête organisée par des fleurs ? Et surtout, qui est déjà allé à une telle fête ? La nourriture serait infecte et la musique vraiment naze. De toute façon les fleurs ne savent pas danser, et si on va par là, elles ne peuvent pas non plus organiser de fête. Enfin pas à ma connaissance en tout cas.
J'expire. Mes oreilles passent sous le niveau de l'eau. Je ferme les yeux. Fini les réflexions inutiles et délirantes. Je devrais me reposer de cette semaine de dingue. Je sais bien que je ne suis pas vraiment à plaindre et que ma vie n'est pas si horrible que ça. Mais cumuler dans la même semaine un bac blanc, une amie complètement hystérique (enfin ça c'est toute l'année) et une mystérieuse pénurie de petites cuillères au self, c'est usant. J'ai réellement besoin de ce court instant de répit. J'en aurais même profité pour dormir un peu, et tant pis si selon Maman c'est comme ça que l'on se noie (Ah c'est comme ça, je me suis toujours demandé comment les gens pouvaient se noyer. Ils s'endorment dans leur bain. C'est évident).
Au moment où le sommeil commençait à me gagner - adieu Maman - l'Univers (ou Dieu, qui sait ?) a décidé de me sauver de mon funeste destin en m'envoyant un signe. Enfin, Il s'est arrangé pour que quelqu'un m'appelle à cet instant précis. Ce qui était déjà un grand geste de Sa part si vous voulez mon avis.
J'avais gardé mon portable près de moi, pour pouvoir jouer au solitaire entre deux questions existentielles. Quand j'ai vu que c'était Luce, j'ai compris que l'Univers/Dieu n'y était pour rien. Croyez-moi, j'aurais largement préféré me noyer dans du "Flower Party". Vous vous souvenez de l'amie complètement hystérique dont je vous ai parlée ? C'est Luce, et le fait qu'elle m'appelle à 18h46 en est la preuve ultime (de son hystérie). Elle fait du piano, du violon, du théâtre, du patin à glace et vise la mention très bien au bac. Elle n'aurait pas du avoir le temps de me parler un samedi soir, à moins d'avoir une très bonne raison de le faire. Et je ne sais que trop bien ce qui peut constituer un prétexte suffisant pour Luce Jefferson : elle s'est récemment aperçue que malgré le nombre d'heures qu'elle passe à réviser, à s'entraîner, à patiner, à apprendre ses répliques etc., il lui reste encore un peu de temps libre. Elle a donc décidé qu'elle allait créer un blog. Enfin, qu' on allait en créer un. Ce qui ne me tente pas du tout. Mais étant donné que l'on se connaît depuis le primaire, on est toutes les deux conscientes qu'elle en sait assez sur mon compte pour me forcer à coopérer. Ce qui explique la semaine de dingue que je viens de vivre (menaces, tentatives d'intimidation et j'en passe ; la guerre froide à l'échelle du lycée).
Le pire, c'est que Luce n'est pas du genre patient. Elle a donc décrété qu'on allait mettre ce blog en ligne dès lundi prochain, date à laquelle j'aurai l'honneur de publier le premier article de ma rubrique. Une rubrique qui m'a été attribuée sans me consulter par Vous-Savez-Qui (pas Voldemort, l'autre) : la mode. Cette décision est non seulement arbitraire, mais aussi discutable : ce n'est pas parce que je lis des blogs de mode tous les jours que j'ai nécessairement le goût, l'originalité et le physique (ha !) d'une fashion blogueuse digne de ce nom. Sauf qu'on est maintenant samedi soir, que Luce n'a pas voulu m'écouter de toute la semaine et qu'elle a visiblement décidé de passer au harcèlement téléphonique.
Comme je sais que la laisser tomber sur ma messagerie ne sert qu'à l'énerver davantage, je prends sur moi et décroche courageusement.
- Quoi ?
Je dois avoir l'air vraiment exaspérée, car Luce a une demi seconde d'hésitation avant de répondre. Pourtant quand elle est dans cet état là, elle me laisse à peine ouvrir la bouche.
- Euh… Émilie ?
Là, je comprends que même si c'est son nom qui s'affiche sur l'écran de mon portable, ce n'est pas Luce qui viens de parler. Pour la simple et bonne raison que cela fait maintenant presque dix ans que j'oblige tout le monde à m'appeler Émie (après que Jason Grant m'ait traumatisée en me surnommant Émilie Jolie pendant tout mon CE2). Même mon prof de maths a fini par céder. Ça ne peut pas être Luce.
Ah, et Luce n'a pas une voix aussi virile d'habitude.
#2 (5 octobre)- Spoiler:
- Euh oui. Mais euh c'est qui ?
Je peux parfois être d'une éloquence rare.
- Peu importe. Jack. On ne se connaît pas. Bon écoute, ta copine, elle a des ennuis, elle… Enfin elle a besoin de toi. Rapplique chez elle. Le plus vite possible.
Il m'a raccroché au nez avant que je n'aie le temps de lui répondre.
J'ai horreur de ça. Mais ce Jack m'intrigue. Je sors de mon bain et m'habille rapidement. Il m' a demandé de venir vite, alors je ne peux pas perdre vingt minutes à tenter désespérément de sécher mes cheveux.
Trente-trois minutes plus tard (record personnel battu), j'abandonne mon vélo dans le jardin des Jefferson avant de courir jusqu'à la porte d'entrée. Comme je m'y attendais, Anna, la mère de Luce, m'ouvre la porte. À bientôt cinquante ans, elle est la maman idéale : petite, ronde et littéralement faite pour prendre les gens dans ses bras. Tout le contraire de sa tortionnaire de fille. Elle remarque aussitôt mes cheveux mouillés et me regarde avec compassion.
- Tu ne t'es pas trop inquiétée j'espère ? Elle exagère.
Je la rassure. Après tout, je me doute bien que Luce n'est pas en train d'agoniser dans sa chambre. Mais par acquis de conscience, je dois m'en assurer. J'aurais pu m'abstenir de me dépêcher et de me maquiller, mais ce Jack a éveillé ma curiosité. Donc je ne veux pas qu'il parte avant que je ne découvre qui il est, et d'où il connaît Luce. Et puis, je ne tiens pas à ce qu'il me voie sans maquillage, déjà que mes cheveux sont trempés. Sinon, autant venir en pyjama.
Ou pire. En crocs.
Après s'être assurée que mes parents se portent comme un charme, Anna m'autorise à rejoindre la chambre de Luce. Au moment où je pose ma main sur la poignée, la porte s'ouvre. Je sursaute. Je m'attendais à me retrouver face à Luce et ses cent soixante centimètres de haut, pas devant un géant blond de plus d'un mètre quatre-vingts. Je suppose qu'il s'agit de Jack, même s'il ne correspond pas vraiment à ce que j'ai imaginé. Je me suis représenté un beau brun ténébreux (normal quoi), or il n'a rien de ténébreux, et encore moins de brun. Le garçon qui est en face de moi doit avoir entre dix-huit et vingt ans et ressemble à un Finlandais : cheveux blonds presque blancs, yeux bleus clairs et peau très pâle. Un bûcheron finlandais en fait, voilà l'image qui me vient à l'esprit lorsque je remarque ses larges épaules, son torse musclé et… sa chemise à carreaux rouges. À cet instant, j'aurai aimé que ce Finlandais soit celui qui m'a fait venir ici, mais son sourire amical ne colle pas avec la personnalité un peu brusque que j'ai devinée chez Jack. Pour en être sûre, je lui pose directement la question :
- Tu n'es pas Jack…?
- Jack ? Je ne connais pas de Jack. Je m'appelle Thomas, je suis…
- …le frère de Luce, je complète.
Cela fait au moins dix ans que je ne l'ai pas vu. Quand leur parents se sont séparés, il a choisi de vivre avec son père. Luce me parle de lui de temps en temps, et je vois des photos de lui petit dans l'escalier à chaque fois que je viens ici. Sauf que depuis, il a beaucoup grandi et a probablement abandonné l'idée de faire manger du nutella à ses peluches. Sans comprendre que je souris parce que je repense aux photos de lui nu et couvert de boutons de varicelle, et non parce que je suis déjà tombée sous son charme (Luce m'a mise en garde contre son côté Don Juan) il me sourit à son tour et enchaîne :
- …le frère de Luce, exact. Je viens de rentrer, il y a environ une heure. Je suis en vacances depuis hier et Luce m'a dit qu'elle avait besoin de moi. Je suppose que ce n'est pas pour l'aider à réviser, mais elle a refusé de m'en parler tant qu'Emie ne serait pas là. Donc je suppose que c'est toi ?
- Oui c'est moi. Et où est…?
Luce surgit de sous son lit avant que je n'aie le temps de finir ma phrase. J'ouvre la bouche pour parler, puis décide que je n'ai peut-être pas besoin de savoir pourquoi elle s'est cachée. Surtout si cela concerne son projet de blog. Ce qui est fort probable, car Luce ne m'aurait pas fait venir ici juste pour m'organiser un speed dating avec son frère.
Quoi que.
Je chasse cette idée de mon esprit et je tente d'ignorer la petite voix en moi qui me souffle qu'après tout, Luce m'a fait subir bien pire que cette rencontre franco-finlandaise… J'y parvient plus facilement que je ne l'aurais cru alors que je réalise que Luce vivante (et visiblement en bonne santé), je peux enfin me concentrer sur l'objet de ma présence ici : Jack.
#3 (6 octobre)- Spoiler:
J’imagine qu’il est venu ici avant moi, et je dispose de quelques minutes pour interroger Anna à ce sujet, puisque Tom et sa sœur sont absorbés par leur conversation.
- Non mais sérieux Tom ! C'est quoi ton problème ? Pourquoi tu lui as dit que tu n'étais pas au courant de mon Projet ? Je t'avais demandé d'essayer de la convaincre, ce n'est pas compliqué quand même ??? De toute façon tu ne me soutiens jamais. En CE1 déjà tu…
Aha. Luce ne lui a toujours pas pardonné d'avoir avoué à la maîtresse qu’elle avait kidnappé le lapin de sa classe. Je n'étais pas dans la même école qu'eux, mais nos parents se connaissaient déjà, alors on se voyait souvent quand même. À l'époque, elle avait décidé de monter son propre cirque. D'où la séquestration du lapin. Elle m'avait aussi forcée à me déguiser en poney.
Oh. Je viens de me rendre compte que notre relation n'a pas beaucoup évolué depuis. C'est plutôt humiliant.
Bref. D'après ce que j'ai saisi de leur échange, Thomas (Tom) était censé me supplier lui-même d'accepter de participer à cette entreprise délirante. Luce a sûrement pensé qu'il réussirait à me persuader grâce à son super sourire. C'est un exemple type des plans légèrement simplistes qu'elle invente régulièrement pour me compliquer la vie.
Mais j'avoue que celui-là avait ses chances.
Curieuse de connaître les raisons de la "trahison" de Tom (dixit Luce) je me fige sur le pas de la porte et décide d'écouter un peu avant d'aller questionner Anna. C’est la première fois que je vois quelqu’un lui tenir tête, alors autant s’en inspirer.
- …me suis mis plein de moutons de poussière dans les cheveux, regarde ! Je ne serai jamais une blogueuse célèbre, et c'est de ta faute ! En plus j'ai passé les cinq minutes les plus longues de ma vie, à attendre avec l'autre sous mon lit, tout ça pour que monsieur change d'avis à la dernière seconde en voyant les adorables boucles rousses de ma meilleure amie !
Waouh. Adorables boucles rousses ? Bon, Tom a un sérieux problème s'il est fan des tignasses dégoulinantes, mais si c'est vrai, je dois avouer que c'est vraiment…trop mignon. Et apparemment maintenant que Luce en a après son frère, je ne suis plus une lâcheuse, j'ai retrouvé mon statut de meilleure amie. Tant de bonheur d'un coup c'est presque douloureux.
Je n'ai pas oublié Jack pour autant ; d'après ce que vient de dire Luce, il serait sous le lit en ce moment même ! Sauf que je ne peux pas juste m'agenouiller et me pencher pour vérifier. Mon débardeur est presque parfait, loose à souhait et parfaitement assorti à mes Victoria (en plus il y a une fermeture dans le dos. J'en cherchais un comme ça depuis des semaines). Mais je ne peux pas me pencher sans offrir à Jack et aux moutons une vue imprenable sur mon décolleté. Et malheureusement ce dernier n'est pas mon atout principal. Même si quand je suis entourée de collégiennes, la comparaison peut m'être favorable.
Oui. Peut.
Je sais ce que vous pensez. Il me suffirait de tenir mon débardeur d'une main pendant que je me penche, tout simplement. Mais je ne peux pas, ça risquerait d'attirer l'attention sur mon absence de poitrine et ce serait nier la quasi-perfection de ce débardeur.
Finalement je suis peut-être vouée à devenir une fashion blogueuse.
Comme ce serait légèrement déplacé de demander à une mère s'il y a ou non un garçon sous le lit de sa propre fille, j'élabore rapidement une stratégie. Je pourrais m’asseoir, puis m’allonger le plus gracieusement possible, avant de glisser sur le dos jusqu’à Jack. Alors que je viens tout juste d’accomplir avec succès la première étape de mon plan, je m’aperçois que Luce et Tom sont enfin silencieux. Donc soit l’un a tué l’autre, soit ils m’ont vue. - Euh Émie ? Tu fais quoi ? Avant que je n’aie pu trouver une excuse valable que Tom croirait, ce qui aurait pris du temps de toute façon, Luce est intervenue : - Émie, il n’y a personne sous le lit. Ce genre d’affirmation est toujours très crédible, comme quand votre sœur va voir vos parents et leur dit « Émilie, elle a pas fait de bêtise ». On est tous pareils dans ces cas-là, la première chose que l’on fait, c’est de vérifier. Je me penche donc aussitôt pour regarder sous le lit. Et là, il s’est passé quelque chose d’incroyable. Mon débardeur n’a pas bougé.
J’intériorise ma danse de la joie. Il y a bien quelqu’un en dessous. Mais peut-être-Jack m'ignore totalement. Il est trop occupé à fixer le dessous du matelas de Luce.
Au bout de quelques secondes, il tourne la tête vers moi. Je devine des yeux foncés et une masse de cheveux bouclés, mais rien de plus. Un bûcheron et le fils caché de Mika. J'attends toujours mon beau brun ténébreux. J’essaie de mieux distinguer les traits de son visage (ça pourrait être Mika en personne, qui sait). Mes yeux s'habituent doucement à l'obscurité. Tout à coup, je remarque un détail horrible. Terrifiant même.
Ses narines.
#4 (11 octobre)- Spoiler:
Elles bougent. C’est là que j’ai commencé à flipper. Je sais que ce n’est pas très rationnel, mais mettez-vous à ma place. Je suis de la génération Twilight. Alors quand un garçon commence à me renifler (non pas que ça arrive souvent), la première explication qui me vient à l’esprit, c’est qu’il s’agit d’un vampire. Qu’il va me sauter dessus et me mordre d’un instant à l’autre. A moins qu’il devienne niais, m’avoue son amour et me fasse promettre de ne pas coucher avec lui avant notre mariage. Comme dans Twilight. Alors que j’essayais de distinguer s’il portait du gloss (c’est comme ça qu’on différencie les vampires niais des vrais vampires), ses narines ont soudainement arrêté de palpiter. Il a tourné la tête vers moi, prenant le temps qu’il fallait pour un suspense optimal. Il a déclaré, d’un ton neutre : - Tu sens la fumée. Ah c’est pour ça qu’il me reniflait. Donc il n’est pas du tout bizarre en fait. J’espère que l’ironie est perceptible. Je lui ai répondu : - Je ne fume pas. - Moi non plus. Ce n’est pas ce que j’ai dit. Du thé alors ? Il est vraiment étrange. Il a l’air si sûr de lui, si arrogant. Insupportable. D’autant plus qu’il a deviné. - Ma mère tient un salon de thé. Et oui, j’ai pris un thé fumé il y a genre deux heures. Mon agacement n’a pas l’air de l’émouvoir, sa seule réaction est un mince sourire à peine perceptible. Puis il me lance, avant de sortir de sous le lit : - Super. Bon, je dois y aller. Insupportable, c’est le mot. Je me relève le plus gracieusement possible, ou tout du moins j’essaie. Jack est déjà arrivé près de la porte. Et subitement, j’envisage de revoir l’opinion que je me suis déjà faite de lui. Parce que quelqu’un d’aussi beau ne peut pas être foncièrement mauvais. Il mesure à peu de chose près la même taille que Tom. Il paraît encore plus grand car il est moins musclé, et plus mince, mais sans être chétif. Bien que je n’aie détecté aucun accent particulier chez lui pendant ce court échange, je trouve qu’il fait très british. Dans le bon sens du terme, pas à la Mr Bean of course. Un visage anguleux, une peau diaphane et des yeux incroyables : très clairs, verts ou bleus c’est difficile à dire. Et toujours une masse de cheveux bruns, bouclés qui semble indisciplinée – même si c’est probablement volontaire. Soudain, je m’aperçois qu’il me regarde d’un air étrange. Je n’ai pas dû être très discrète. - Un problème avec mes cheveux ? - Euh non. Non non. Il faudrait sérieusement que je commence à faire de vraies phrases. Luce intervient alors. Ce qui n’est jamais bon signe. - Arrête Emie. On t’a tous vue. Tu le dévorais des yeux. - Quoi ? Mais… non. Pas du tout. Non. Bon évidemment, je ne suis pas du tout crédible. Luce me regarde d’un air impassible, mais j’imagine qu’elle jubile de s’être vengée. Je lui en veux de m’humilier ainsi. Mais la connaissant, ça aurait pu être bien pire. Tom semble gêné et même un peu agacé vis-à-vis de sa sœur. Quand à Jack, que j’ose à peine regarder maintenant, il ne se sent visiblement pas concerné par tout cela. Il a sorti son portable, un BlackBerry (je hais tous ceux qui ont un BlackBerry. Comment peut-on privilégier l’efficacité au design ? Ces gens sont dangereux, croyez-moi). Il lit quelque chose, puis envoie un sms. Le cliquetis des touches semble résonner dans le silence qui règne à présent. C’est comme si tout le monde attendait sa réaction, pour savoir qui marque un point – Luce ou moi ? Enfin tout le monde sauf Tom, qui attend juste qu’on lui révèle enfin les raisons de la présence de Jack sous le lit de sa petite sœur. Raisons que j’aimerais connaître aussi, cela dit. Prenant conscience que tous les regards sont braqués sur lui, BlackBerry-man daigne enfin ranger son portable. - Euh… vous attendez que je parte ? Tom me regarde, Luce aussi. Je fixe un point à égale distance de leurs têtes. Pour ne pas faire de jaloux. - Oh. Vous êtes resté bloqués sur le « tu le dévorais des yeux » c’est ça ? Je suis censé émettre une opinion ? - Seulement si tu en a envie. Oh. Pourquoi la seule phrase construite que j’arrive à formuler n’a pour effet que d’aggraver mon cas ? BBman finit par sourire, mais je suis sûre qu’il a eu un fou rire intérieur. Celui de Luce est au contraire totalement assumé. Auto-persuasion ou non, il semblerait que mon intervention ait réussi à détendre l’atmosphère. - Eh bien, c’est formulé bizarrement, mais promis, je ne parlerai que si j’en ai… envie. Donc, ouais, euh… Emie c’est ça ? Oui, tu me dévorais des yeux. Enfin un peu. Mais ta copine a fait pareil juste avant. Oh et la mamie qui habite en face aussi. C’était bizarre d’ailleurs.
#5 (15 octobre)- Spoiler:
On l’a tous regardé. Jusqu’à ce que Tom prenne la parole :
- Au pire… elle n’est pas si mal. Elle ne fait pas son âge. On lui donnerait quoi, 75 ans ?
Luce et moi avons ri nerveusement, Jack a souri.
- Bref, quoi qu’il en soit, je dois rentrer chez moi maintenant. J’ai un devoir d’histoire demain, alors il faudrait que je révise un minimum.
Une minute.
- Un devoir d’histoire ? Comme nous. Tu es dans notre lycée ? Tu es à Saint Pierre ? En terminale S ? Dans quelle classe ?
Il m’a adressé son sourire le plus condescendant. Je hais ce type.
- Oui. Depuis trois ans. Bon. Je dois vraiment y aller.
Je n’ai pas répondu. Au bout de quelques secondes, il a fait demi-tour et est parti.
- Salut Mattieu ! a crié Luce, après qu’il ait refermé la porte derrière lui.
Je l’ai corrigée :
- Il s’appelle Jack.
- Il m’a dit qu’il s’appelait Mattieu. - Non c’est Jack.
- Jack c’est peut-être son diminutif.
- Jack. Diminutif de Mattieu ? Vraiment ?
Elle a soupiré.
- Je n’en ai aucune idée. Je ne sais pas trop qui c’est en fait.
On s’est regardées, désespérées. Mais on a surtout savouré ce moment. Ce sentiment de mystère, et la promesse d’une enquête à venir.
- Moi il m’a dit qu’il s’appelait Harold, est intervenu Tom.
Beurk.
Chapitre 2 - #1 (15 octobre)- Spoiler:
Mon réveil hurle. Je me réveille en sursaut.
C’est comme ça tous les matins. Même en baissant le volume, mon alarme continue à me terroriser jour après jour.
Je l’éteins, mais décide de rester encore quelques minutes au chaud sous ma couette. Pour ne pas me rendormir, j’essaie de me concentrer sur ma chambre, sur chaque détail. Le problème c’est que sans mes lentilles je ne vois rien. Mais je reconnais mon bureau, une masse claire et floue. Mon ordinateur est en veille, j’ai dû oublier de l’éteindre hier soir après avoir regardé quelques épisodes de True Blood.
Je ne me souviens plus très bien de ce qui s’est passé finalement, est-ce que Sookie…
Et là je me rappelle.
Jack/Mattieu/Harold. Après son départ, Luce m’a enfin fourni les informations qui me manquaient. Elle le connait depuis quelques mois et m’en avait déjà parlé, mais sous le nom du « Mec bizarre qui reste toujours dans les gradins mais qui vient nous voir patiner tous les jeudi soirs » ou le plus souvent « Mec bizarre du jeudi soir ».
Bref, fidèle à elle-même, Luce a décidé de prendre les choses en main. Cette semaine, elle est donc allée le voir à la fin de son entraînement. Elle lui a demandé pourquoi il était là. Il lui a répondu :
- Luce je suppose ?
- Euh oui, on se connaît ?
- Pas encore. Mais un ami m’a dit que tu cherchais un photographe.
- Je ne cherche pas de photographe. Maintenant si tu pouvais…
- Luce, Luce, Luce… Personne ne peut avoir une section mode digne de ce nom sans un photographe talentueux.
Quand elle a vu tout ce qu’il savait sur elle (ce qui honnêtement ça n’a rien d’exceptionnel puisqu’elle parle de son projet de blog à tout le monde), elle a commencé à flipper. Donc elle lui a hurlé dessus jusqu’à ce qu’il parte. Luce est comme ça.
Elle n’y a vraiment réfléchi qu’après coup, et hier après-midi elle a eu une idée. Elle l’a appelé – il lui avait donné sa carte (genre il a une carte quoi. Normal) – et elle lui a fait une proposition : il pourrait s’occuper des shootings, à condition de poser de temps à autre et surtout de réussir à me convaincre de participer. Ils ont pris un café et sont devenus amis (cette partie de son récit était assez floue). Ils sont allés chez les Jefferson, Luce s’est dit qu’il était temps que Jack et moi nous rencontrions. Mais elle savait que je ne viendrai pas sans raison valable, donc J. et elle ont préparé leur petite mise en scène, il m’a appelée. Le temps que j’arrive, Tom est rentré (J. s’était déjà caché) et Luce a pensé qu’il pourrait lui aussi essayer de me persuader. En cas d’échec il lui restait toujours son pan B, bien à l’abri parmi les moutons de poussière.
A ce stade du récit, Tom a décrété que sa sœur était folle. Mais qu’en raison du contrôle d’histoire, son internement pourrait attendre le lendemain soir. Il m’a ensuite gentiment mise à la porte, pour mon propre bien. Et aussi pour être seule avec elle et lui faire comprendre qu’il était hors de question qu’il s’occupe de la rubrique « geek » du blog.
Il vit avec Luce depuis 17 ans et continue à lui tenir tête. Cet homme est très fort.
Après tout il faut être robuste pour couper des arbres par -30°C.
Dernière édition par Miss le Sam 15 Oct - 17:55, édité 3 fois |
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